Protéines végétales et mécanique des poudres : découverte des procédés de broyage

Valentin Cardon de Poittemill

 

INTERVIEW DE VALENTIN CARDON, RESPONSABLE MARKETING DE POITTEMILL

Qu’est-ce Poittemill et quels sont ses liens avec les protéines alternatives ?

Poittemill est une société d’ingénierie industrielle basée à Béthune et spécialisée dans la réduction granulométrique ou « traitement mécanique des poudres ». Depuis 1933 nous sommes experts de tous les process de broyage, classification, tamisage, émottage, concassage… C’est une petite PME familiale de 3e génération, mais nous avons les ambitions d’une grande multinationale : avec 90% de notre chiffre d’affaire à l’export, 7000 installations dans une centaine de pays et une expérience sur plusieurs milliers de produits et allant de quelques grammes à des dizaines de tonnes à l’heure, nous sommes aujourd’hui un des leaders mondiaux du broyage et de la micronisation. 

Historiquement, notre cœur de métier est le minéral, mais nous nous sommes progressivement diversifiés vers d’autres secteurs d’activités, dont l’agroalimentaire. En 2017, nous nous sommes orientés vers la green food et avons rencontré au Protein Summit les membres fondateurs de Protéines France : Tereos, Roquette, Avril, Ynsect, Limagrain… qui s’avéraient faire partis de nos clients existants !  Nous avons rejoint le groupement Protéines France en 2019 et aujourd’hui, nous avons acquis une expérience incontournable pour tous les types de protéines végétales.

Quels sont les enjeux de cette activité ? 

Le process de broyage et de classification est le premier maillon de la chaine de transformation des protéines végétales, c’est une étape primordiale. L’enjeu est d’obtenir la granulométrie désirée et enrichir le taux de protéine en préservant la couleur, le goût, la texture du produit et préserver, selon le besoin, les protéines mais aussi les autres composants des produits traitées tels que les fibres, l’amidon... Sur le plan technique, c’est parfois un vrai challenge qui nécessite la mise au point de procédés nouveaux que nous développons dans notre centre d’essai... Le marché des protéines végétales se développant, nous travaillons un spectre plus large de produits que ce soit des légumineuses, des céréales, des tourteaux d’oléagineux et toute autre source de protéines. Nous pouvons citer bien sûr le pois, mais aussi le pois chiche, les lentilles, le lupin, le blé, l’orge, le tourteau de colza, de tournesol, et des matières plus confidentielles…

Et les perspectives ? 

Pour les acteurs des technologies de transformation, il y a des perspectives fantastiques. Aujourd’hui, nous sommes en train de pérenniser notre présence sur les marchés Amérique du Nord et Europe, et de lancer de grandes études de marché en Amérique du Sud, Océanie, Asie du Sud-Est… sur ce dernier marché nous nous intéressons fortement au broyage des insectes, dont la consommation est beaucoup plus acceptée que dans les pays occidentaux. Notre ambition est de devenir le leader mondial dans le broyage et l’enrichissement en voie sèche de protéine végétale, et nous sommes confiants car nous avons pris de l’avance dans ce domaine. 

Pouvez-vous nous partager une actualité de votre entreprise dans ce domaine ?

Nous venons de déposer un brevet pour une solution de broyage-classification qui permet d’enrichir les protéines : une boîte noire nommée « Protein Booster », développée en interne dans notre centre de recherche situé à Béthune. L’idée est d’isoler la partie d’un produit contenant la plus forte valeur protéinique pour obtenir un produit final à très haut taux de protéines à partir d’un produit de valeur protéinique plus faible. Nous développons ce process en proposant aux clients de le tester sur leurs produits dans notre centre d’essai.

Nous développons également actuellement une technique de traitement, toujours en voie sèche, en rupture avec les techniques habituelles. Ce nouveau procédé a l’avantage de réduire le CAPEX et l’OPEX pour beaucoup d’applications, tout en mieux préservant les différents composés d’une graine lors du traitement. Cette solution d’avenir étant très stratégique pour nous, elle n’est pour l’instant proposée qu’à certains clients et sous réserve d’avoir la garantie du respect total de la confidentialité que nous exigeons. 

Quelle vision avez-vous des protéines végétales ?

Pour nous c’est très clair : les protéines végétales sont l’alimentation de demain. A l’horizon 2025, nous espérons que la green food 2.0 et le marché des protéines végétales produisent plus de la moitié de notre chiffre d’affaires. C’est également un secteur qui nous motive par les valeurs qu’il porte en termes de bénéfice écologique pour la planète et d’accessibilité à l’alimentation pour une population mondiale en pleine expansion. Il donne aussi du sens pour nos collaborateurs et apporte de la cohésion dans nos équipes.

C’est devenu le secteur prioritaire dans notre prospection. Depuis 2017 où nous suivons les conférences sur les protéines végétales, nous constatons que ce secteur est en plein boom. Cela ne peut qu’aller de l’avant, c’est un secteur innovant qui ne connaîtra pas de crise.